Bernard de Clairvaux (1090-1153)
Moine cistercien français, fondateur de l'abbaye de Clairvaux, docteur de l'Église mystique et théologien prédicateur de la deuxième croisade. Bernard de Clairvaux joua un rôle politique éminent. Il fut l'une des plus grandes figures de la tradition spirituelle chrétienne occidentale. Né au château de Fontaine, près de Dijon, d'une famille de la noblesse, Bernard devint moine dans l'abbaye cistercienne de Cîteaux en 1113, petit village au sud de Dijon. Il fonda en 1115 l'abbaye de Clairvaux, dans l'Aube, et en fut le premier abbé. Sous sa direction, l'abbaye de Clairvaux se développa considérablement et devint l'abbaye la plus éminente de l'ordre cistercien, essaimant elle-même rapidement en cent soixante monastères. La rumeur selon laquelle il aurait accompli de nombreux miracles et les sermons éloquents de Bernard attirèrent de nombreux pèlerins. Sa personnalité et sa spiritualité influencèrent considérablement l'Occident chrétien. Il intervint dans les affaires publiques et conseilla les princes, les évêques et les papes. Il aurait rédigé la règle de l'ordre des Templiers et, en 1128, il obtint des responsables ecclésiastiques la reconnaissance officielle de l'ordre. Dans la lutte pour la papauté entre le pape Innocent II et l'antipape Anaclet II, Bernard trancha, au concile d'Étampes en 1131, en faveur d'Innocent II. En 1146, à la demande du pape Eugène III, son disciple, Bernard commença à prêcher pour la deuxième croisade. Son sermon, prononcé à Vézelay, déchaîna l'enthousiasme en France. Il parcourut la Lorraine, les Flandres, la Rhénanie et participa activement à la formation des armées dans le nord de la France, dans les Flandres et en Allemagne. Louis VII, roi de France, fut convaincu et se joignit à la croisade. L'échec de la croisade fut une grande déception pour Bernard. Il mourut à l'abbaye de Clairvaux le 20 août 1153. Il fut canonisé en 1174 et nommé docteur de l'Église en 1830. Sa fête est le 20 août dans l'Église catholique.
Bernard fut un opposant résolu des hérésies et de la théologie rationaliste, et notamment de celle du philosophe et théologien français Pierre Abélard, dont il obtint la condamnation au concile de Sens en 1140. Il soutint des polémiques contre l'ordre de Cluny.
Il écrivit un grand nombre de sermons, lettres et hymnes dont certains sont encore chantés dans les églises catholiques et protestantes. Bernard écrit sur la vérité, la liberté, la volonté et la grâce. Il combattit les théologies qui, selon lui, abusaient de la méthode spéculative.
Les degrés de la vérité sont, pour lui, l'humilité, la charité et la contemplation qu'il faut considérer respectivement comme vérité sévère, vérité miséricordieuse et vérité pure. Le premier degré est l'œuvre du Fils, le deuxième celle de l'Esprit et le troisième est l'œuvre du Père. Bernard distinguait trois libertés, le libre arbitre (liberté à l'égard de la nécessité) qui est l'image de Dieu en l'homme, la liberté de conseil (liberté à l'égard du péché) et la liberté de bon plaisir (liberté à l'égard de la misère) qui sont en l'homme la ressemblance à Dieu. Il considérait le monde comme énigme et manifestation visible du Dieu invisible. Il voulait que l'homme tende vers la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Parmi ses œuvres importantes, on trouve De Diligendo Deo (De l'amour de Dieu, en 1126), un appel à aimer Dieu parce qu'il est Dieu, et De Consideratione (Considérations à Eugène III, en 1149).